Le soleil finit de se lever.

La brise printanière me salue.

Je me délecte de ce moment de quiétude au petit jour.

La maison est paisible.

Personne pour déranger mon bonheur.

Une tasse de café brûlant au poing, un bon polar dans l’autre, le balcon m’est un refuge idéal.

Affalé dans un fauteuil, je savoure l’intrigue, déguste mon café.

Crat… Crat… Un petit grincement aigu me fait lever la tête.

Une pie… une pie qui jacasse, tranquillement installée sur le rebord en fer forgé.

Elle se tait maintenant.

Je n’ai pas plutôt replongé dans mon roman qu’elle recommence.

Elle se rit de moi, ouvertement. Je n’en crois pas mes oreilles.

Une fois. Deux fois. Trois fois.

Je me lève d’un bond et d’un geste ample la chasse.

Elle fait un petit saut de côté sans pour autant s’envoler et continue de me regarder de ses yeux moqueurs.

« Que me veux-tu ? »

Je me surprends à la croire dotée de parole et qui plus est d’intentions.

Je cours chercher un balai pour lui en assener quelques coups.

Et là, je reste coi.

La pie sirote mon café et feuillète mon livre.

C’en est trop ! Vite, mon fusil.

« Monsieur Larbaud, pouvez-vous nous dire pourquoi vous avez tué votre femme ? »

« Parce qu’elle buvait mon café, je suppose, Monsieur le juge. »